Le premier projet Egalité des chances avec la bourse d’Ibrahima

Quelle plus belle histoire pour lancer la Fondation EPMI que celle d’Ibrahima KANTE ! Le parcours de cet étudiant résume à lui seul les valeurs fortes qui sont les piliers de notre école : exigence, ambition, persévérance et humilité. L’histoire d’Ibrahima, c’est tout simplement l’histoire d’un homme à la volonté de fer qui a décidé de se battre contre les aléas de la vie pour aller jusqu’au bout de ses rêves, et qui s’est surtout donné les moyens de ses ambitions. Nous souhaiterions vous faire partager son parcours remarquable aujourd’hui.

Son histoire commence pour nous au Mali, pays dans lequel il est né et a construit sa vie depuis près de 35 ans. Une fois son diplôme de technicien électro-technique en poche, Ibrahima travaille d’arrache-pied dans des centrales électriques et sur de multiples chantiers au sein d’entreprises locales comme Electricité du Mali ou ABB. Comme tout bon chef de famille, papa de deux petits garçons, il souhaite améliorer les conditions de vie des siens et ambitionne, un jour, de rejoindre une grande école d’ingénieurs pour approfondir ses compétences professionnelles et évoluer dans son métier. Ce n’est alors qu’un rêve auquel il pense de temps en temps.

En 2003, après quelques recherches sur internet, Ibrahima repère l’ECAM-EPMI. Cette école a le mérite d’être spécialisée dans l’électricité, proposant même une spécialité dans les énergies renouvelables et la distribution d’électricité. Il prend alors une décision qui marquera son histoire familiale pour les prochaines années : c’est cette école qu’il intégrera coûte que coûte, dès qu’il en aura les moyens. Il entame alors les démarches administratives nécessaires mais le parcours du combattant ne fait que commencer…

La bourse promise par le gouvernement malien permettant de financer ses études et sa vie en France n’est finalement pas octroyée. Sans pour autant se décourager, Ibrahima prend la lourde décision de vendre sa voiture et la maison qu’il a lui-même construite au Mali pour financer ses études en France. Une fois le budget estimé mis de côté et le visa obtenu, c’est le coeur gros qu’il dit au revoir à sa femme et ses deux enfants pour rejoindre la France et décrocher son diplôme d’ingénieur. Il compte revenir au Mali pour retrouver sa famille, mais pas uniquement : en effet, Ibrahima vise encore plus haut. Il rêve, une fois son diplôme d’ingénieur en poche, de changer l’avenir énergétique de son pays natal, et de créer l’une des premières entreprises d’énergies renouvelables au Mali.

Arrivé en France, en plein janvier 2014, Ibrahima intègre la promotion 2015 de l’ECAM-EPMI en première année, soit 12 ans après avoir un jour rêver de rejoindre cette école. Passées les premières excitations de son arrivée à Paris, Ibrahima déchante rapidement : il réalise que la vie française est beaucoup plus chère qu’il ne l’avait imaginée, et le budget prévu semble finalement ridicule par rapport aux conditions de vie et aux frais de scolarité qu’il doit assumer seul, sans aucune aide sociale.

Au bout de quelques mois, ses camarades de promotion (John SARAVANAN, Clément FIGEA…) et quelques professeurs (Jean-Michel BRUCKER, Mme ARNOLD) se rendent compte que la situation d’Ibrahima semble fragile. On le voit rarement manger avec ses camarades le midi, et il reste très tard à l’école quasiment tous les jours. Après quelques semaines d’enquêtes discrètes à son insu, on apprend qu’il se prive de déjeuner le midi, et que seul l’aide d’un cousin éloigné sur Pontoise lui permet d’avoir un toit sur la tête et une assiette chaude le soir. Il lui arrive même de dormir “chez le cousin d’un cousin”, à 4 dans une chambre de 8 mètres carrés, en dormant sous un lit relevé et soutenu par des piles de livres.

Cette situation alerte immédiatement ses camarades et professeurs, qui se concertent et décident de l’aider au sein d’un grand mouvement de solidarité et d’humanité. Des actes de soutien se mettent en place partout au sein de l’école : une campagne de dons est mise en place au sein de la promotion, certains professeurs n’hésitant pas à donner de leur deniers personnels pour aider le jeune étudiant. Ibrahima est abasourdi par le mouvement de fraternité qui s’est construit autour de lui. Il racontera plus tard: “Cette école, c’est comme ma famille, Jean-Michel et Mme Arnold sont comme des parents pour moi. Mes camarades de promo sont devenus des frères et des soeurs”.

Certains élèves comme John et Clément poussent leur ami à se tourner vers l’administration de l’école. Jean-Michel BRUCKER devient le point de contact clé d’Ibrahima au sein de l’administration et du corps professoral de l’ECAM EPMI et permets de lancer concrètement le projet de la Fondation EPMI.

L’extraordinaire solidarité qui s’est construite autour de l’histoire d’Ibrahima posera la première pierre de la Fondation EPMI. Cette fondation a pour but de promouvoir l’égalité des chances en octroyant toute aide nécessaire à la réussite d’élèves méritants et en difficulté. Ibrahima a été le déclencheur de cette fondation et son premier bénéficiaire. Grâce à l’aide qu’il a reçue, Ibrahima peut assurer ses frais de scolarité, ses conditions de vie, et son avenir. Son rêve est en passe d’être réalisé prochainement puisqu’il ne lui reste qu’une année d’études à terminer avec on espère un stage de la même qualité que chez BM Energy, avant d’aller retrouver sa famille, son diplôme en poche.

L’histoire d’Ibrahima marquera encore longtemps les esprits, que ce soit au sein du corps enseignant et administratif de l’école. qu’auprès de ses camarades de classe et futurs étudiants, qui trouvent ainsi en lui un exemple parfait d’humilité, de fraternité et de persévérance, valeurs indispensables à tout ingénieur.